Carbone

Le carbone est commun à toutes les formes de vie connues. Il est le quatrième élément le plus abondant dans l’univers et le deuxième en quantité dans le corps humain. Les paysages que Valentin Bajolle fait naître par le fusain (outil largement composé de carbone) font le récit de cette matière vivante, en mouvement, face à laquelle le regardeur est un témoin de passage.

Quelle que soit l’échelle choisie pour mesurer, rien de ce qui appartient au monde physique n’est figé dans le temps ou dans l’espace. À l’image du fusain, lui-même issu d’une suite de transformations, les œuvres capturent le fragment d’une métamorphose permanente. Cette métamorphose se déroule durant un intervalle indéfini. Assistons-nous à la genèse de quelquechose ? Existe-t-il réellement un début et une fin ? À quel endroit du cycle sommes-nous ?

Ces formes évoluent dans un espace qui s’étend au-delà de la feuille. Elles se montrent, saillies dont l’origine reste invisible à nos yeux, épiphénomènes d’une mère nature parallèle à la nôtre qu’il nous appartient d’explorer.

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Empreintes

La peinture de Valentin Bajolle présente des compositions affranchies de toute signification. Ni mots, ni signes, ni récits ne viennent interférer entre le regard et la toile. L’œuvre existe par elle-même et se livre sans détours. Elle dévoile un espace autonome, régi par sa propre cohérence, dans lequel chacun·e est libre d’évoluer.

Chaque tableau est le témoignage d’une exploration spontanée de la matière. Cette recherche s’appuie sur les propriétés physiques de la peinture – viscosité, transparence, intensité  – en détournant les outils lui étant ordinairement affiliés.

Dans un processus en constante évolution, la couleur s’accumule sur la surface puis se retire dans un série de cycles successifs. Peu à peu se révèlent sur la toile des jeux de lumière et de mouvement. L’œuvre aboutie est le résultat d’un procédé jonglant entre hasard et contrôle, un point d’équilibre.

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Valentin Bajolle ouvre un espace intérieur par une modulation où la matière de l’air vit par un noir retrouvé entre tourment et élan, violence et tendresse, coup de poing et caresse. Ses peintures sont nerveuses, de textures qui s’entremêlent. C’est un vertige lent qui se rattrape, danse entre l’attraction de la terre et la lumière qui en naît, entre poids et légèreté. La vie en somme.
Jeanne Gatard, 2022

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Fluides

Mêlant peinture et dessin, cette série présente des paysages imaginaires régis par des phénomènes en lien avec la nature : érosion, éruption, fusion, croissance. La matière devient tour à tour solide, liquide, vaporeuse.
Elle semble être le produit d’une réaction chimique ou physique au sein
d’un espace, donnant naissance à un objet.

Dans un processus initialement proche d’une écriture automatique pendant laquelle la matière s’accumule sur la toile, je cherche à révéler des zones de confrontation, de frottement. Ces zones sont exprimées par un cadrage déterminant une silhouette, parachevant ainsi la formation d’une figure. La peinture réside alors à la frontière de deux états, la frontalité d’une abstraction
et l’illusion de l’objet représenté.

Les surfaces montrées sont le point émergent d’un volume déployé dans toute sa profondeur. Elles sont construites par le binôme noir-blanc, un clair-obscur s’étirant du caché au révélé. Ce qui se dérobe à nous, dans les zones d’ombre, c’est l’inaccessible du tableau, la part d’indiscernable qui installe la forme dans un espace dont nous ne saisissons jamais qu’un fragment.

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